En été certains moments s’éternisent en silences
douloureux d’herbes sèches. Le piano de Bach parle seul, écrin
vidé de toute éternité. Cassée, la mélodie
s’envole invisible comme des galops d’insectes. Obstinément
les branches se balancent sans un soupir.
La mer est immensément calme, d’une immobilité douteuse.
Bleus du ciel. Bleus d’ailes d’oiseaux rageurs.
Le désespoir est un chant d’oiseau sans plumes, loin des saisons
en allées. Le bonheur est un sourire, une parole, la vie d’une
portée musicale, une lumière de jazz, un regard, un amour inaccessible
et si beau, la violence des couleurs, la douceur des pastels, un rouge de pétale,
des images souvenir.
Et pourtant le piano de Bach n’est que merveille et caresse, transparence
et éclaboussures, gouttes d’eau, rosée.
Il suffit que mes yeux croisent
le vol fugitif d’un papillon égaré pour prendre aux nuages
bleus leur vapeur d’aubes nouvelles, chemins de terre et de landes embrumées,
galop des marées, miel de flûte Irlandaise.
Ailes de phalènes et regards d’enfants.
Restent des couleurs au fond
de mes yeux quand un rien m’interpelle………… Mouvement
de fleurs, de flammes, d’une feuille ; frisson de l’herbe, ondulation
des vagues, odeur des sommets, déserts de garrigues, pelouses d’altitudes,
voix de Femme.
Au seuil de mes rêves je te vois marcher, avec tes cheveux de comète,
myriade d’étincelles flamboyantes.
… Peut-on oser provoquer
le Bonheur ???
C’est si facile ! Pour mieux le vomir……………
Cependant la nature renaît
avec la pluie.
Je voudrais aussi pleurer des orages afin que l’aube voit ma renaissance.
Certains soirs d’été
la lumière du soleil brûle ma peau comme des piqûres imperceptibles
et pimentées. L’eau coule en longs sanglots sur les rochers acérés,
violents et durs, au sein des vaporeuses écumes. Les saisons passent
comme des coups d’aile d’oiseau blessé.
Un hautbois de Mozart déchire ma nuit et dévoile des couleurs
impudiques et indicibles. Tout s’extasie et soudain l’aube se dérobe
comme un sourire, un arc en ciel entre deux averses, un regard d’hirondelle.
La vie est un parfum de lune quand les nuages étreignent les collines. Le vent fraîchit à la tombée du soir. Avec la mort renaît la vie. J’aime écouter tomber la pluie lorsque la nuit me réveille. Elle musique mes sens comme les étoiles qui brillent dans les yeux des filles. La vie, la nuit, l’angoisse, c’est le bercement incessant des herbes folles, amoureuses de la brise-mélodie des gouttes d’eau.
Musique aérienne de la pluie
PLUIE DE NUIT
NUIT DE PLUIE
Sable des plages mouillées, odeur des terres sauvages et d’amours ancestrales, bestiales, superbes, NUIT DES TEMPS.
La vie est un battement de cils,
une voile sur la mer, une solitude immense, soleil de plomb sur cimetière
marin.
La vie est un passage d’asphalte où se reflètent les néons
de la nuit. Des visions de violence sordides et imputrescibles montent des quotidiens.
A la UNE, l’amour a fait place à la guerre et les nuages blancs
ne forment plus des dessins d’enfants sur les mappemondes des classes
parfumées.
Reste une très ancienne et très vieille amertume au fond de ma
vie. La solitude de l’Homme est inéluctable, rayon de lune voilé
de givre.
La vie est un parfum de lune quand les nuages poussées par la pluie étreignent les collines…
ET JE M’Y PERDS
PAR AMOUR
ET PAR HABITUDE.